Après avoir écrit et édité quatre tomes des bonheurs de chasses, qui présentent chacun 36 histoires vraies et vécues, pour un total de 144 nouvelles, je me décide à rassembler mes connaissances acquises depuis trente-sept ans maintenant sur la chasse silencieuse en solitaire. A l’époque les chasseurs à l’approche et à l’affût étaient essentiellement des personnes de l’Est de la France, notamment Alsace et Moselle, qui pratiquaient cette technique venue de leur voisin germanique. Ensuite grâce aux efforts de certains adjudicataires de chasses couplés à ceux de l’office National des forêts, l’approche a séduit de nombreux chasseresses et chasseurs. Personnellement, c’est en février 1985 que j’ai pratiqué pour la première fois l’approche avec guide en Forêt Domaniale d’Arc en Barrois localisée en Haute-Marne au centre d’un triangle Chaumont- Langres et Châtillon sur seine. Cette première sortie est racontée dans le tome 4 de mes bonheurs de chasses au numéro 31.

Le sujet développé et traité tout au long des 208 pages de ce guide impose « humilité et respect ». Nous ne savons pas grand-chose mais à chaque sortie vous rentrez plus « affûté » et donc plus fort. La nature nous délivre ou pas ses secrets, c’est dépendant du moment qui se décline en fonction de : la période de l’année, le mois, le jour et suivant la lune- le vent- la lumière- la chaleur- le froid- la pluie- la neige et l’heure. L’ensemble de ces paramètres influencent les animaux.

Pour comprendre un peu le fonctionnement de nos brocards en été, il vous sera indispensable de réfléchir « en brocard » et non pas en humain. Toutes vos observations doivent intégrer l’animal convoité et non pas notre confort.

Tous les brocards observés doivent être respectés et non pas mesurés en points CIC ou autres mesures qui leur attribuent « des médailles ». Nous ne sommes pas aux Jeux Olympiques mais à la chasse. Chaque animal a ses chances, surtout quand vous savez qu’un trophée moyen cette année pourra évoluer l’année prochaine en super-trophée. Alors les Snippers, qui étaient à l’origine « des chasseurs de bécassines » devenus aujourd’hui, pour certains des tireurs de brocards, doivent passer leur chemin et oublier mon guide. Ceux qui pratiquent « le RAPALA », en clair : vous roulez en voiture, vous repérez un brocard, vous approchez au maximum avec votre véhicule, vous descendez et marchez quelques pas pour déployer votre canne de pirsch et vous installez votre arme pour tirer ! Ce n’est ni acceptable, ni supportable dans un monde qui possède des valeurs, notamment le respect des animaux chassés.

Maintenant que le décor est planté, place au sujet principal « les brocards d’été ». Ces cervidés vivent partout dans l’hexagone. Ils s’adaptent à tous les biotopes. On les rencontre dans le sable, en plaine, au marais, en forêt, en montagne et à proximité des villes et villages. Ils occupent la nature à leur aise. En Beauce, nous les apercevons au milieu des grandes plaines céréalières tandis qu’en Normandie ils fréquentent les haies-les bosquets et les prairies. Dans les Charentes, ils passent des vignes aux bois tandis qu’en Corrèze ils se réfugient dans les sapinières et circulent pour satisfaire leurs besoins alimentaires. Des G.I.C chevreuils naquirent un peu partout en France, pendant la période 1980/1990. Des lâchers eurent lieux pour repeupler et peupler certaines zones après que les plans de chasses par une loi du 10 juillet 1963 instaurent des règles pour gérer les populations de grands gibiers en France. Grâce à toutes ces mesures, le chevreuil s’est développé partout et ce qui permet d’afficher un chiffre astronomique de prélèvement annuel de près de 600 000 animaux. Généralement peu considéré, le chevreuil reste le plus petit de nos cervidés et de nombreux chasseurs le délaissent pour se concentrer sur les grands cervidés et les sangliers. La chasse d’été lui rends les honneurs qu’il mérite et le vénère. A nous les adeptes de cette technique de chasse de le respecter lors de nos sorties et surtout nous devons l’admirer pour sa capacité d’adaptation, pour son élégance et pour sa finesse.

Le brocard en été nous livre sa robe estivale, fauve et brillante, qui lui assure un mimétisme incroyable même dans un champ verdoyant comme une luzerne. Je me souviens d’un brocard prélevé dans un trèfle à proximité d’une forêt, fin Août, que j’ai cherché jusqu’à la pénombre pour le retrouver enfin, noyé dans cet océan de verdure.

Pour les néophytes que nous sommes, l’approche et l’affût se complètent. En général, nous approchons sans bruit, en pirschant, le matin et le soir nous affûtons en fonction des observations réalisées. L’été, en général c’est souvent sec, et ce détail complique l’approche sans bruit. L’affût règle ce détail fondamental mais vous bloque à un endroit. Souvent la décision apporte des hésitations sachant qu’aucune certitude nous accompagne.

Un vieux chasseur aux brocards d’été me confier que la chasse du matin l’ennuyait compte-tenu du réveil très matinal qu’elle impose. Maintenant si vous êtes à proximité de votre territoire et que le nombre de sorties n’est pas limité, je vous comprends !

De très nombreux chasseresses et chasseurs pratiquent cette chasse sur des territoires inconnus. Vous arrivez là pour quelques jours et vous devez tout intégrer pour espérer croiser quelques « brocards ». Dans ce cas, vous êtes contraint de sortir matin et soir. En clair, lever vers 4h30, retour vers 9h pour une pause jusqu’à 18h et rentrez vers 23h si vous n’avez pas prélevé, sinon c’est plus de minuit !

La chasse aux brocards d’été nécessite une bonne forme physique. Il vous faudra franchir des obstacles, notamment des clôtures, des haies, des fossés et gravir des pentes. La condition sine qua none pour réussir cette chasse reste de surveiller en permanence le sens du vent. Le vent en été change, surtout quand vous vous approchez des lisières, alors avancer avec le vent dans le dos, vous garantit l’échec de toute approche. Même posté à l’affût, le vent reste un facteur limitant sauf si vous affûtez à partir d’un mirador perché à plusieurs mètres du sol.

Le vent, le bruit, les bons choix, la distance entre vous et l’animal que vous souhaitez tirer et le tir en bonne condition vous garantirons pleine réussite si vous avez pris les bonnes options. Choisir pour réussir, c’est frémir suite aux plaisirs vécus.